Bien qu’en baisse, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. Concernant les hommes comme les femmes, le suicide représente chaque année près de 10 000 décès et 200 000 tentatives à l’origine de 100 000 hospitalisations. Et contrairement aux idées reçues, le suicide est le fait de personnes de tous âges. Le 10 septembre aura lieu la journée mondiale de prévention du suicide, l’occasion de faire le point sur les signaux d’alerte et les dispositifs existants pour venir en aide aux personnes suicidaires et à leur entourage.
1) Crise et idées suicidaires, quels sont les signes qui doivent vous alerter ?
La crise suicidaire est un état de trouble psychique aigu, caractérisé par la présence d’idées suicidaires et d’une envie de suicide de plus en plus marquées et envahissantes. La personne se sent dans une impasse et ne trouve pas en elle les ressources suffisantes pour la surmonter.
Ceux qui pensent au suicide donnent généralement plusieurs indices de leurs intentions (mots, comportements, émotions, etc.). Pour prévenir le risque de passage à l’acte suicidaire et aider la personne à surmonter la crise, il est essentiel de repérer les signes de détresse qu’elle peut manifester. À noter qu’il n’est pas toujours facile de repérer les signes avant-coureurs pour l’entourage. Parmi ces signes :
- l’expression d’idées et d’intentions de suicide ;
- des indices répétés de souffrance et de détresse psychologique (pleurs, isolement, difficultés professionnelles et scolaires…) ;
- des comportements indiquant un passage à l’acte imminent (précautions testamentaires, dons d’objets, lettres, messages sur le web…).
Si une personne de votre entourage présente des signes suicidaires, si son attitude et son comportement changent, faisant redouter une tentative de suicide, soyez vigilant. Les idées suicidaires sont un signal d'alarme qui précède la crise suicidaire.
Pour en savoir plus sur les signaux d’alerte de la crise suicidaire, vous pouvez consulter les articles suivants sur :
- le site du 3114, numéro national de prévention du suicide : « Je m’inquiète pour quelqu’un » ;
- le site de la Haute Autorité de santé : « La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge ».
2) Que faut-il faire en cas de signes avant-coureurs ?
Vous traversez une crise suicidaire
- Ne restez pas seul, rapprochez-vous de vos proches.
- Consultez votre médecin traitant : en fonction de votre situation, il pourra vous orienter en urgence vers un spécialiste en psychiatrie ou un psychologue, ou vous adresser au centre médico-psychologique (CMP) dont vous dépendez.
- Contactez des structures d’écoute et de soutien en complément d’une aide médicale.
- Appelez le 3114.
- Appelez les urgences (le 15 si vous êtes en France, le 112 si vous voyagez dans l’Union européenne, le 114 si vous êtes sourd ou malentendant).
Consultez également, sur le site du 3114, l’article « Je suis en souffrance ».
L’un de vos proches est en détresse
- Aidez-le à surmonter la crise en adoptant une attitude bienveillante d’écoute, de dialogue et d’accompagnement.
- Encouragez votre proche à consulter son médecin traitant et assurez-vous qui le fasse rapidement.
- Incitez votre proche à recourir à des professionnels ou des structures d’aide, de soins et de soutien.
3) Quels sont les dispositifs d’aide ?
Le numéro 3114
Si vous êtes en détresse psychique, que vous avez des idées suicidaires ou qu’un de vos proches est dans ce cas : appelez le 3114. Ce numéro national de prévention du suicide est accessible gratuitement, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Des professionnels de santé (psychologues et infirmiers), spécialement formés à l’évaluation de la crise suicidaire, en lien avec des acteurs du soin de chaque territoire, sont à votre écoute pour apporter des réponses adaptées à votre situation ou celle de votre proche. Un psychiatre supervise l’ensemble des situations cliniques 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (un psychiatre par centre régional de 9h00 à 18h30 et un psychiatre pour l’ensemble des centres 24/24 sur les horaires de garde). Si nécessaire, ces professionnels de santé peuvent aussi se mettre en rapport avec le Service d’aide médical urgent (Samu) qui peut déclencher une intervention d’urgence ou proposer des stratégies de prise en charge.
4) Les numéros d’urgence
En cas de risque de suicide avéré et imminent, appelez :
- le 15 : numéro du Samu pour obtenir l’intervention d’une équipe médicale lors d’une situation de détresse vitale, ainsi que pour être redirigé vers un organisme de permanence de soins ;
- le 112 : numéro d’appel d’urgence européen disponible gratuitement partout dans l’Union européenne ;
- le 114 : le numéro d’urgence dédié aux sourds et aux malentendants. En cas de difficultés à entendre ou à parler, il est possible d’appeler ou d’envoyer un texto au 114. Le site d'appel d'urgence pour les sourds et les malentendants propose également un accès au tchat ou des appels vidéo.
Les structures d’écoute
Parmi les structures d’écoute, vous pouvez contacter :
- Suicide Écoute ;
- Allo-suicide ;
- SOS Suicide Phénix ;
- Dites Je suis là ;
- Allo écoute Ado ;
- SOS Amitiés ;
- Phare enfants-parents ;
- Fil santé jeunes ;
- #soins aux étudiants ;
- Agri’écoute ;
- Nightline par et pour les étudiants.
Vous pouvez également consulter en complément le site d’information sur la santé mentale : le site psycom.
5) En quoi consiste le dispositif VigilanS de prévention de la récidive suicidaire ?
Objectif du dispositif VigilanS
C’est un dispositif complémentaire du 3114 qui prend en soin, dès leur sortie de l’hôpital, les personnes ayant eu des conduites suicidaires.
Ce dispositif VigilanS a pour objectif de prévenir les récidives en assurant la veille et le recontact des personnes sorties de l’hôpital.
Cherchant à rompre l’isolement dans lequel toute personne suicidaire peut s’enfermer, le dispositif VigilanS repose sur un ensemble de mesures et d’outils permettant de maintenir un lien avec les personnes.
Le dispositif vient en complément de tout parcours de soin, de prise en charge du patient et notamment de ses troubles psychologiques et de ses difficultés sociales.
Un dispositif de veille et de recontact d’une durée de 6 mois
- À sa sortie de l’hôpital : dès lors qu’il a donné son accord pour entrer dans le dispositif VigilanS, le patient reçoit une carte avec le numéro VigilanS à contacter en cas de besoin. Des soignants formés pourront ainsi lui répondre en cas de mal être ou problème. En parallèle son médecin traitant (ou son psychiatre référent) reçoit un courrier l’informant de l’entrée de son patient dans ce dispositif de veille et de recontact. Il dispose lui aussi d’un numéro dédié pour répondre à ses questions.
- Si le patient n’en est pas à sa première tentative : il est rappelé 10 à 20 jours après sa sortie de l’hôpital par les membres de l’équipe VigilanS. S’il ne répond pas, le médecin traitant et le psychiatre référent sont contactés. Quant au patient, il reçoit une carte postale personnalisée tous les mois durant quatre mois avec un rappel des numéros à joindre s’il en ressent le besoin.
- Au bout de 6 mois : le patient est rappelé par l’équipe VigilanS pour une évaluation de sa situation et de son état de santé mentale. Le médecin généraliste comme le psychiatre référent sont destinataire du compte-rendu. À la suite de cette évaluation, le dispositif de veille prend fin ou est reconduit pour 6 mois si besoin.
À savoir
En février 2024, le dispositif VigilanS était déployé dans 17 régions dont 4 régions d’Outre-mer et dans 99 départements.
À consulter en complément
- Ministère chargé de la Santé – Stratégie nationale de prévention du suicide
- Ministère de la santé : que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidai…
- Le numéro 114
- Les numéros d’urgence
- Union Nationale Prévention Suicide : liens utiles
- La plateforme agriécoute (avec possibilité de tchat)
- Ministère de la Santé : dispositif de recontact VigilanS
- Santé BD : Prévenir et aller aux urgences