Coordinatrice des ateliers de remobilisation au centre équestre UCPA Saint-Maur-des-Fossées, Hélène Chapuis permet à des personnes en situation de handicap d’apprendre l’équitation de manière adaptée. Elle témoigne de la richesse de cette pratique sportive pour les publics qu’elle accompagne.
Hélène Chapuis, enseignante d'équitation au centre équestre UCPA
Je m'appelle Hélène, je suis enseignante d'équitation au centre équestre UCPA de Saint-Maur-des-Fossés. Je suis plus particulièrement référente sur toute la partie handicap et je fais beaucoup de tout ce qui est réinsertion sociale aussi, une médiation avec les chevaux.
Mon titre exact, je suis coordinatrice des ateliers de remobilisation par l'équitation au sein de l'UCPA. C'est un dispositif qui est particulier à l’UCPA où on propose à des structures de venir rencontrer le cheval. J'ai eu envie de travailler avec ce public là parce que je trouvais ça intéressant la relation qu'ils pouvaient avoir avec les chevaux. Ils étaient vraiment dans un instant T. Il n'y avait pas de jugement ni d'un côté ni de l'autre, il n'y avait pas d’attente. J’aimais cette relation un peu naturelle qui se faisait et puis au rythme de chacun.
Tous ne montent pas à cheval, il y en a qui viennent et qui promènent leurs chevaux, qui se contentent d'en prendre soin. Et déjà, ça les apaise, ça leur fait du bien. Il y en a au contraire qui vont avoir du mal à marcher, des choses comme ça et finalement le fait de les mettre à cheval avec la locomotion du cheval, ils gagnent un petit peu en tonus. Et puis à ce moment là, eux au contraire, ça les motive et ça les rend un peu plus dynamiques, un peu plus toniques. Les profils sont très variables en fonction de leur passif, en fonction de leur vécu dans la journée, un instant T ou même de ce qui se peut se passer au moment de la rencontre.
Nos jeunes sont accompagnés, ils ne sont jamais tout seuls. Il y a toujours un éducateur ou un moniteur qui est à côté d'eux. La plupart des moniteurs sont sensibilisés au handicap. En général, on parle plus d'équitation adaptée. C'est-à-dire qu'on adapte notre pédagogie au public en situation de handicap et on n'est pas dans la thérapie appropriée. On prend toujours le temps de faire attention, d'échanger avec tous les accompagnateurs, les éducateurs, les psychomoteurs, savoir si ils ont bien l'autorisation médicale de monter à cheval, puisque ça ce n'est pas de notre ressort. Mais après, normalement le centre est accessible à tous les publics, on n'a pas
d'escalier ni autres, on a des sanitaires qui sont aussi accessibles au public handicapé. Et surtout, on essaie de leur proposer un maximum d'activités, que ce soit d’attelages, à pied, autour du cheval en promenade, quoi que ce soit et pas forcément à cheval, que ce soit pour des soucis de handicap moteur ou des soucis simplement d'attente ou du cavalier qui pourrait avoir la capacité de monter à cheval, mais il y en a certains où ça leur fait peur. On prend déjà le temps de faire tout ça autour.
Avec les publics en situation de handicap, quand c'est du handicap psychique, social, etc..., on va plus travailler sur la confiance en soi. Le cheval a vraiment un effet miroir, c'est-à-dire que vous êtes un petit peu énergique, le cheval va être énergique, vous voulez que le cheval soit posé, il va falloir aussi réussir à poser vos émotions, poser votre tonicité musculaire pour que le cheval soit calme et apaisé en face de vous. Quand on va rencontrer plus du handicap mental ou moteur, là, on va pouvoir travailler un petit peu plus sur la spasticité, sur le fait de la préhension, le fait d'attraper peut-être des objets. Des fois, des enfants, ils n’y arrivent pas, parce qu'on le fait dans la vie de tous les jours, ils n’arrivent pas à attraper leur fourchette, mais ici, à cheval, étrangement, ils vont attraper la tasse et déplacer la tasse d'un piquet à l'autre. Et là, il y a des choses qui peuvent se déclencher presque par magie.
Chaque séance, en fait, j'apprends quelque chose sur l'handicap parce qu'il y a autant de handicaps qu'il y a de personnes que je peux croiser. Chaque personne qui vient rencontrer le cheval à sa propre histoire d'une semaine à l'autre, leur perception, leur envie, leur attente, leur façon de ressentir. Le moment va changer, donc ce sera riche, et puis sur ce côté où il faut s'adapter tout le temps et être très observateur de ce qui se passe dans cette relation homme/cheval ou jeune:cheval. Enfin moi, je la trouve très enrichissante.