Mickaël Jérémiasz
Entrepreneur et ancien champion paralympique Tennis-fauteuil
Entrepreneur et ancien champion paralympique de Tennis-fauteuil, Mickaël Jérémiasz est également papa de deux enfants.
Le témoignage de Michaël Jeremiasz
Je n'avais aucun rôle modèle de ce qu'est un papa en fauteuil roulant. J'ai plein de potes, des potes en fauteuil roulant, des copines en fauteuil roulant, mais je n'ai pas d'exemples de potes qui ont vécu pendant le moment où on se fréquentait, de jeunes papas en fauteuil roulant.
Je m'appelle Michaël Jérémiasz, j'ai 41 ans. Je suis ancien champion paralympique de tennis fauteuil. Je suis devenu paraplégique suite à un accident de ski à l'âge de 18 ans et aujourd'hui je suis entrepreneur, consultant, producteur et papa.
J'ai eu mon accident en 2000. Je redécouvre progressivement, un peu maladroitement puis ensuite en reprenant confiance la sexualité. J'ai une sexualité très épanouie pendant huit, neuf ans après mon accident.
Je rencontre l’amour, c'est la première fois que je tombais amoureux de ma vie. Trois ans plus tard, on se dit qu'on veut des enfants.
Donc en 2012, on se marie et en fait là on se rend compte qu'on a une infertilité de couple.
Donc c'est un parcours du combattant qui s'enclenche et il nous faut trois ans, trois ans de procréation médicalement assistée, de FIV.
Le résultat c'est qu'on sait, pour avoir fréquenté justement des hôpitaux, des cliniques et des couples, qui pour certains n'y arriveront jamais, on sait qu'on a eu de la chance, même si c'est plus facile en général pour la majorité des gens d'avoir des enfants.
Et donc en fait, j'avais une peur de tout. Comment je vais prendre le bébé ? Est-ce que je vais pouvoir l'emmener, est-ce que je vais pouvoir le transporter, comment je le mets dans la voiture, comment je le sors de son landau, comment je lui donne à manger ?
Et je me posais toutes ces questions là et en fait, j'ai été comme beaucoup de papas et beaucoup de mamans, peut-être un peu maladroit, peut-être pas forcément le plus efficace au début, mais en fait j'ai fait du mieux que j'ai pu et je crois que je me suis pas trop mal débrouillé.
En fait, on n'a pas de guide pratique, alors il y a des livres, il y a plein de choses mais moi je n'avais pas vraiment d'idée de ce que c'était. Donc j'ai expérimenté, j'ai adapté mon environnement, j'ai adapté ma façon de le porter, de partager des choses avec lui.
Il s'est passé des mois, vraiment des mois avant que je sorte seul de chez moi avec le bébé.
Et ça a été finalement assez compliqué au début, juste d'avoir des réponses à mes questions. Un siège bébé où vous devez aller de côté comme ça, ce n'est pas pareil. Il faut trouver le siège bébé qui se tourne dans la voiture, la poussette, qu’elle type de poussette, de quelle manière sans s'abîmer, sans se faire mal au dos ?
Donc j'ai expérimenté et j'ai trouvé plein de solutions. Et ce qui est très drôle, c'est qu'entre le premier et le deuxième, qu'est ce qui se passe entre-temps ? C'est l'expérience.
Le deuxième, il avait à peine une semaine, je le prends, je le prends dans son landau, je le mets dans un porte bébé, je prends mon fauteuil roulant, j'ai un petit scooter électrique que j’adapte, je le prends, le bébé s'endort sur moi, dix minutes plus tard, j'arrive à l'école de mon fils.
C'est une petite plateforme derrière, mon fils qui est debout derrière moi, le bébé dans les bras. Ce n'est pas un sujet. C’est-à-dire qu'en fait je sais, et donc entre le premier et le deuxième, je suis devenu un papa expérimenté. Mais finalement, comme tous les papas.
Après la réalité c'est que je pense qu’on a besoin d'un accompagnement plus important, d'informations. De toute façon, ce qui est valable pour la parentalité des personnes handicapées, c'est valable pour tout ce qui concerne le parcours de vie d'une personne handicapée, c'est qu'on manque d'outils, on manque d'informations pour pouvoir vraiment compenser ce qui nous est arrivé et pour pouvoir avoir les mêmes droits, les mêmes libertés et pour pouvoir jouir de ce que la société a à nous offrir.
Et donc sur la parentalité, ça ne fait malheureusement pas exception de pouvoir référencer tous les outils, toutes les adaptations, et aussi potentiellement les témoignages de gens qui vont nous rassurer sur le fait qu'on peut être des très très bons parents, qu'on soit handicapé ou pas, et à partir du moment où on est aimant, pour moi, on sera de toute façon un bon parent.