La vie intime, affective et sexuelle concerne l'intimité, les émotions, les sentiments, les relations, la vie sexuelle ou l’absence de vie sexuelle, le désir de parentalité.
1) Qu’est-ce que la vie intime, affective et sexuelle ?
Qu’est-ce que la vie intime ?
La vie intime relève de votre droit à avoir une vie privée.
Les personnes en situation de handicap ont le droit, comme tout à chacun, au respect de leur vie privée.
La vie intime dépasse le simple cadre de la vie affective et sexuelle. Tout citoyen a un droit à l’intimité et à la pudeur quel que soit le lieu où il se trouve.
Votre vie intime concerne aussi bien vos pensées, votre corps, vos parties intimes, vos fantasmes, vos désirs, vos relations amoureuses ou vos pratiques sexuelles seules (masturbation) ou avec un, une ou plusieurs partenaires.
Le plus souvent, l’intimité évoque :
- l’intimité de votre corps : personne ne doit vous toucher sans votre accord ;
- l’intimité de vos espaces privés : vous avez le droit de rester seul ou accompagné dans votre chambre, votre salle de bain, votre lieu de vie que ce soit à votre domicile ou si vous vivez en établissement.
L’intimité s’apprend dès l’enfance, que ce soit à l’école, en établissement ou à la maison. Cela passe par un apprentissage du respect de vos choix, de votre corps, du corps de l’autre, de ce que vous avez le droit de faire ou pas, et ce que les personnes qui vous accompagnent ont le droit ou pas de faire.
Votre vie intime doit être respectée. Vous n’êtes pas obligé de partager votre intimité avec d’autres personnes, même s’il s’agit de personnes proches comme votre famille, votre tuteur, ou les professionnels qui vous suivent. Vous devez également respecter l’intimité des autres (partenaires, proches et professionnels).
L’intimité en établissement
Les établissements, accueillant des personnes en situation de handicap, laissent parfois peu d’espace ou de moments, en dehors des activités en groupe. C’est pourquoi les établissements doivent :
- rappeler et faire respecter les droits des personnes handicapées à avoir une vie intime affective et sexuelle ;
- autoriser la vie sexuelle (une charte écrite est recommandée) ;
- respecter l’intimité de la personne dans son espace de vie.
La circulaire du 5 juillet 2021 rappelle le droit à la vie affective, intime et sexuelle des personnes en situation de handicap accompagnées par des établissements ou services sociaux ou médico-sociaux (ESSMS).
Qu’est-ce que la vie affective et sexuelle ?
Les termes « vie affective et sexuelle » sont couramment utilisés mais ils ne se réfèrent à aucune définition officielle. En revanche, le terme de santé sexuelle fait l’objet d’une définition de l’Organisme mondial de la santé (OMS ) qui introduit les notions de « vie affective et sexuelle ». Selon l’OMS, la santé sexuelle peut se définir par un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité. Elle passe par une approche respectueuse de la sexualité et par la possibilité d'avoir des expériences sexuelles agréables, sans contrainte, discrimination ou violence.
La vie affective
La vie affective fait référence aux sentiments, aux émotions, aux relations affectives, à l’amitié avec d’autres personnes.
Vous pouvez avoir une vie affective sans sexualité.
La vie sexuelle ou la sexualité
La sexualité ne se caractérise pas forcément le rapport sexuel. La sexualité sensorielle et sensuelle peut satisfaire vos besoins : caresses, baisers, étreintes…. Ces pratiques sexuelles peuvent apporter plusieurs formes de plaisir, y compris l’orgasme.
La vie sexuelle peut s’exprimer de différentes manières ou se décliner différemment selon chaque personne :
- faire l’amour et/ou avoir des relations sexuelles sans nécessairement avoir des sentiments ;
- caresser le corps ou le sexe de votre partenaire ;
- vous masturber c’est-à-dire vous caresser seul ;
- etc.
L’âge et la sexualité
Pour tout acte sexuel avec un ou une partenaire, celui-ci ou celle-ci doit avoir plus de 15 ans et être d’accord. La différence d’âge entre le mineur et l’adulte doit être inférieure à 5 ans.
Entre 15 et 18 ans, les jeunes mineurs entre eux peuvent avoir des relations sexuelles tant que cette relation est consentie.
La vie affective et sexuelle peut concerner ainsi :
- les sentiments, les émotions ;
- les relations amoureuses et amicales ;
- la sexualité, l’asexualité ou l’absence de sexualité ;
- les désirs, les fantasmes ;
- l’orientation sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité…) ;
- l’identité de genre.
2) Quels sont les points importants du consentement ?
Dans le cadre de votre vie affective et sexuelle, le consentement est indispensable. Donner son consentement signifie être d’accord. Votre consentement est obligatoire pour qu’une personne vous touche, vous embrasse, vous caresse ou pour avoir des relations sexuelles avec elle.
- Vous avez le droit de refuser et de dire « non ».
- Le consentement c’est dire « oui » pour faire quelque chose sans se sentir forcé ou influencé.
- Vous avez aussi le droit de changer d’avis. C’est-à-dire « oui » puis « non » par la suite.
- Vous pouvez aussi dire « non » à certaines pratiques.
- Le consentement doit être réciproque, c’est-à-dire que les deux personnes doivent être d’accord. Le silence ne veut pas dire « accepter » et « consentir ».
- Vous êtes libre d’aimer et d’être aimé, mais vous ne pouvez pas forcer ou être forcé à aimer quelqu’un ou à pratiquer des actes sexuels.
- Si une personne touche l'une de vos parties intimes (bouche, sexe, fesses) ou vous force à avoir un rapport sexuel sans votre accord. Il s'agit d'une agression sexuelle ou d'un viol. C’est puni par la loi et vous pouvez porter plainte.
Si vous avez des questions précises sur le consentement ou sur les agressions sexuelles ou le viol, vous pouvez contacter les centres ressources INTIMAGIR de votre région. Ils informent les personnes en situation de handicap dans leur vie affective et sexuelle et les orientent vers les bons interlocuteurs (associations, organismes, professionnels, etc.).
Quelles sont les interdictions ?
Vous êtes libre de choisir votre partenaire.
Mais vous ne pouvez pas avoir de relations sexuelles avec :
- un enfant de moins de 15 ans si vous êtes un adulte ;
- une personne de votre famille (parents, frères et sœurs, oncles et tantes, neveux et nièces, grand parents …) ;
- les médecins avec qui vous êtes en relation. Les relations sexuelles avec des patients sont considérées comme des abus de faiblesse. L’interdiction des relations sexuelles avec les patients est inscrite depuis 2018 dans le code de déontologie médicale.
3) Peut-on choisir de ne pas avoir de sexualité ?
La sexualité concerne un grand nombre de personnes mais ce n’est pas une norme ou une obligation. Ce n’est pas non plus un besoin vital. Il n’existe aucun danger pour la santé physique de ne pas avoir de relations sexuelles. Néanmoins en cas de besoin ou envie, son absence peut impacter la santé morale.
L’abstinence sexuelle choisie
Vous pouvez choisir et décider de ne pas avoir de relation sexuelle.
Cela s’appelle « l’abstinence sexuelle ». Vous n’êtes pas obligé d’avoir des relations amoureuses ou sexuelles si vous n’en avez pas envie. Cette abstinence n’est pas forcément définitive. Vous pouvez faire le choix de l’abstinence pendant une certaine période pour différentes raisons, puis en sortir.
Qu’est-ce que la libido ?
Votre libido reflète vos envies, vos pulsions, ou vos désirs sexuels. Votre libido peut être plus ou moins importante.
La libido peut varier d’une personne à l’autre. Certaines personnes ont des envies ou des besoins sexuels variables : de totalement absents à très fréquents. Toutefois, la libido peut être impactée également par des facteurs extérieurs comme la fatigue, le rythme du travail, le stress, l’absence d’actes sexuels réguliers ou la prise de médicaments comme certains anti-dépresseurs.
Si vous avez des questions précises, n’hésitez pas à contacter des professionnels de santé :
- un médecin généraliste ;
- un gynécologue ;
- un sexologue ;
- un psychologue ;
- un conseiller conjugal et familial.
L’abstinence sexuelle non choisie
L’abstinence sexuelle peut être non choisie.
Dans certains cas, vous pouvez rencontrer des obstacles dans votre vie amoureuse et sexuelle. Selon le handicap , il peut y avoir des impacts directs sur les fonctions sexuelles. Par exemple : dans certains cas, la paraplégie peut provoquer l’absence ou des troubles de l’érection ou l’absence de sensation chez la femme ou l’homme. Les troubles d’origines cognitives peuvent rendre les rapports avec les autres personnes plus compliqués. Elles dépendent aussi de l’isolement de la personne.
Les centres ressources INTIMAGIR peuvent vous informer concernant la vie intime et sexuelle que vous soyez une personne en situation de handicap ou un proche. Et ils peuvent vous orienter vers les acteurs compétents.
4) Quels sont les outils et moyens pour avoir une vie intime, affective et sexuelle ?
Communiquer dans des groupes de parole
Selon votre situation et vos envies, vous pouvez avoir besoin de communiquer à travers des groupes de parole.
Il s’agit de lieux où vous pouvez vous exprimer, mettre des mots sur votre sexualité, lever les tabous, échanger sur vos pratiques et vos représentations.
Il existe différentes sortes de groupes, certains dédiés au jeune public et d’autres au public adulte.
Rencontrer des nouvelles personnes
Certaines associations organisent des événements pour faciliter les rencontres. Ces événements offrent des possibilités pour vivre sa vie amoureuse et sexuelle. Ils peuvent prendre différentes formes :
- repas ;
- visites d’expositions, musées ;
- soirées ;
- week-ends ;
- séjours de vacances ;
- activités de loisirs et sportives ;
- etc.
Les réseaux sociaux et les applications de rencontres peuvent être aussi un moyen de faciliter les rencontres.
Attention au cyberharcèlement et aux arnaques en ligne
Il est néanmoins important de faire attention. Vous pouvez vous retrouver face à une personne malveillante à votre égard ou ayant de mauvaises intentions. Vous pouvez aussi être victime de cyberharcèlement.
Se rendre à des événements dédiés
Il existe différents événements comme les festivals, salons, forum, conférences, journées d'information etc. Selon les événements, ils proposent des :
- espaces d’informations avec des stands inter-associatifs, institutionnels, de matériels adaptés…;
- ateliers et animations ;
- rencontres avec des professionnels (sexologue, sage-femme…) ;
- groupes d’échanges et de réflexion ;
- conférences, tables rondes …
Utiliser des aides techniques, du matériel adapté ou des sex-toys
Vous pouvez avoir recours à des aides techniques, du matériel adapté ou des sex toys.
Par exemple, il existe de :
- la lingerie adaptée à la perte d’autonomie pour faciliter son enfilage ;
- des systèmes de facilitation sexuelle pour les personnes à mobilité réduite avec différentes options qui permettent de faciliter certaines positions ;
- etc.
Trouver votre centre ressource INTIMAGIR
Les centres ressources INTIMAGIR peuvent vous orienter vers des associations spécialisées, des interlocuteurs adaptés, vous recommander des sources d’informations que vous soyez une personne en situation de handicap ou un proche.
5) L’essentiel à retenir
- Comme tout à chacun, les personnes en situation de handicap ont droit au respect de leur vie privée et de vivre leur vie intime.
- Votre intimité doit être respectée et vous devez respecter la vie intime des autres.
- La vie intime dépasse le cadre de la vie affective et sexuelle.
- La vie affective fait référence aux sentiments, aux émotions, aux relations affectives, à l’amitié avec d’autres personnes.
- La sexualité n’induit pas nécessairement les rapports sexuels. La sexualité peut être aussi sensorielle et sensuelle.
- Vous pouvez avoir une vie sexuelle ou ne pas en avoir.
- Il existe des moyens de parler de votre vie intime, affective et sexuelle ; et de rencontrer des personnes.